11 novembre 2022
Il ne faut pas vendre la peau de l‘ours avant de l’avoir tué. Un proverbe qui s’applique à merveille à la situation actuelle aux US. Les américains sont appelés aux urnes tous les deux ans. Une fois pour des élection dites générales, ils élisent le Président, le Chambre, un tiers du Sénat et en fonction de la loi des différents états, Gouverneurs, Chambres locales, élus divers tels que juges, shériffs, sans oublier quelques obscures questions diverses telles que la légalité de l’avortement, les flingues ou la falsification de l’enseignement de l’Histoire.
Deux années plus tard se tiennent les élections de Mid-Term qui renouvellent la totalité de la Chambre, un tiers du Sénat et, toujours en fonction de la loi des états, Gouverneurs….
Donc habituellement, lors des élections générales l’élection du Président est accompagnée d’une chambre et d’un Sénat du même parti mais, en revanche, lors des Mid-Terms, deux années plus tard, les Chambres et Sénats changent de couleur et passent dans l’opposition au Président. En France cela se nommait la cohabitation, un souvenir lointain dont les origines se trouvaient dans la discordance des cycles présidentiels, le Septennat, et législatifs rythmés sur un Quinquénat.
Si vous m’avez suivi et compris, c’est qu’à l’évidence j’ai été trop clair. Pas de panique, la suite risque de devenir plus obscure.
A French proverb says that the Bear skin should not be sold until it is killed. A proverb that applies perfectly to the current situation in the US. Americans are called to the polls every other years. Once for so-called general elections, they elect the President, the House, a third of the Senate and according to the law of the various states, Governors, Local Chambers, elected various such as judges, sheriffs, not forgetting some various issues such as the legality of abortion, gun legislation, History teaching, bathroom usage for trans people…
Two years later are held the Mid-Term elections which renew the entire House, a third of the Senate and, still according to the law of the states, Governors….
In general elections, the President’s election is usually accompanied by a chamber and a Senate of the presidential party, but, on the other hand, in the Mid-Terms, two years later, the then opposition party gains the majority and will fight against the President’s attempts to pass legislations. In France this sequence is called Cohabitation, a distant memory whose origins reside in the old days discordance of 7 year presidential cycle, and the 5 year legislative one.
If you followed and understood me, I was obviously too clear. Do not panic, the rest may become more obscure.
Depuis de nombreuses années les USA sombrent dans un populisme de droite de plus en plus réactionnaire. Les avancées sociétales telles que droit des femmes à disposer de leur corps, limitation de l’accès aux armes, fiscalité au service de la nation et non des oligarques, assurance médicale, accès à une éducation abordable, droit de vote des minorités… ces avancées sont contestées au nom de la liberté individuelle. Cette contestation réactionnaire qui avait débuté en 1968 avec la candidature de Barry Goldwater à la présidence, cette vague avait enfin gagné, en 2016, l’accès à la présidence avec la nomination de Trump. C’est par un artifice anti-démocratique, le Collège Electoral, qu’il accédait à la présidence, pas par son élection. Hilary Clinton avait obtenu plus de 3 millions de voix que lui. Dans la foulée de sa nomination, il obtenait la majorité au Sénat et à la Chambre.
Pendant ces deux années, 2016-2018, toutes les dérives se sont produites, baisses irrationnelles de l’imposition des sociétés et des ultra-riches, corruption, népotisme, conflits d’intêrets à tous les étages, dénonciation ou menace de dénonciation des traités, JCPOA, NATO, favoritisme douteux des autocrates Putine, MBS en Arabie, Kim Jong Un, Bolsonaro…
En 2018, après avoir mesuré le danger de l’autocratie, le corps électoral, suivant une tradition bien établie, aura fait basculé la Chambre mais pas le Sénat dans le camp de l’opposition.
En 2020 il perd l’élection présidentielle au profit de Biden avec plus de 7 millions de voix d’écart, la Chambre et le Sénat. Afin de tenter de se maintenir au pouvoir, Trump tente un coup d’état le 6 janvier 2021, coup qui échoue lamentablement.
Pendant les deux premières années du mandat de Biden, 2020-2022, Trump clamera sur tous les toits que l’élection lui a été volée. Ce mensonge qu’il tentera de faire valoir auprès des tribunaux plus d’une soixantaine de fois sera rejeté systématiquement. Néanmoins une bande de conspirationnistes l’aura suivi et, sous couvert du soutient de Trump, ils se présenteront aux élections de mi-mandat.
For many years the US has been sinking into an increasingly reactionary right-wing populism. Societal advances such as the right of women to dispose of their bodies, restrictions on access to weapons, taxation in the service of the nation and not of oligarchs, medical insurance, access to affordable education, minority voting rights… these advances are challenged in the name of individual freedom. This reactionary challenge, which began in 1968 with Barry Goldwater’s candidacy for the presidency, finally won the presidency in 2016 with the appointment of Trump. It was through an undemocratic artifice, the Electoral College, that he gained the presidency, not by his election. Hilary Clinton had obtained more than 3 million votes than him. Following his appointment, he obtained a majority in the Senate and the House.
During these two years, 2016-2018, all the excesses occurred, irrational decreases in the taxation of corporations and the ultra-rich, corruption, nepotism, conflicts of interest on all levels, denunciation or threat of denunciation of the treaties, JCPOA, NATO, dubious favouritism of Putine autocrats, MBS in Arabia, Kim Jong Un, Bolsonaro…
In 2018, after measuring the danger of autocracy, the electorate, following a well-established tradition, turned the House but not the Senate into the opposition camp.
In 2020 Trump lost the presidential election to Biden with more than 7 million votes He also lost the House and the Senate. In an attempt to stay in power, Trump conducted a coup d’état on 6 January 2021, a coup that failed miserably.
For the first two years of Biden’s mandate, he will be on the rooftops claiming that the election was stolen. This lie, which he will try to put before the courts more than 60 times, will be systematically rejected. Nevertheless a gang of conspirationists will have followed him and, under the cover of Trump’s support, they will stand in the mid-term elections.
A moins d’une année des élections, deux évènements majeurs se produisent.
1- Au fin février 2022, Putine lance une opération Barbarossa contre l’Ukraine, certain de liquider cette ex-province de l’URSS en quelques jours. Aujourd’hui, pour le monde occidental la conséquence de cette agression se trouve dans une relance de l’inflation et une déstabilisation majeure des approvisionnements énergétiques. Ce qui est vrai en Europe l’est aussi aux US même si l’aspect énergétique ne touche que le prix du carburant à la pompe.
2- Depuis 1973, le droit à l’avortement était protégé par un jugement de la Cour Suprême qui rendait illégales les poursuites engagées autour de ce motif, tant pour les femmes que pour le corps médical. Donc depuis une cinquantaine d’années les femmes pouvaient choisir de porter ou non. Le 24 juin 2022, la Cour Suprême renverse le jugement de 1973 et rend aux états le pouvoir de légiférer sur ce sujet. A la différence de l’Union Européenne où le Droit Européen s’impose aux états membres et que ceux-ci doivent adapter leur législations aux directives européennes, les états n’avaient pas adapté leurs législations sur l’avortement. Dès lors des lois qui avaient perdu force de loi redevenaient applicables. Dans certains états celles-ci avaient plus de cent ans, caduques au vu de leur légitimité, elles redevenaient applicables.
L’inflation et le prix du carburant donnait des armes électorales aux conservateurs-réactionnaires, un sentiment semblable à celui des gilets jaunes. En revanche, les enquêtes sur la tentative de coup d’état, sur les fraudes fiscales de Trump, sa promotion du Grand Mensonge, les prétendues fraudes électorales de 2018 et 2020, la montée des extrémismes de droite auront donné des arguments au parti présidentiel, les Démocrates.
Less than a year before the elections, two major events occur.
1- At the end of February 2022, Putine launched a Barbarossa operation against Ukraine, certain to liquidate this former province of the USSR in a few days. Today, for the Western world the consequence of this aggression is a revival of inflation and a major destabilization of energy supplies. What is true in Europe is also true in the US even if the energy aspect only affects the price of fuel at the pump.
2- Since 1973, the right to abortion has been protected by a Supreme Court ruling that made it illegal for women and the medical profession to prosecute on this ground. So for the last 50 years or so women have been able to choose whether to wear or not. On 24 June 2022, the Supreme Court overturned the 1973 ruling and gave the states the power to legislate on the subject. Unlike in the European Union, where European law is binding on the Member States and they have to adapt their legislation to European directives, the States have not adapted their legislation on abortion. From then on, laws that had lost the force of law became applicable again. In some states they were more than a hundred years old, obsolete in view of their legitimacy, they became applicable again.
Inflation and fuel prices gave electoral weapons to the reactionary Conservatives, a feeling similar to that of the yellow vests. On the other hand, investigations into the coup attempt, Trump’s tax fraud, his promotion of the Big Lie, the alleged electoral fraud of 2018 and 2020, the rise of right-wing extremism will have given arguments to the presidential party, the Democrats.
En s’appuyant sur les incertitudes économiques, incertitudes générées par la guerre en Ukraine, les Républicains rêvaient d’un Tsunami en leur faveur.
En s’appuyant sur les succès législatifs, en agitant les menaces à la démocratie et à la liberté de choisir de porter ou non à terme les grossesses, le Démocrates tentaient d’établir un contre-feu.
Building on the economic uncertainties generated by the war in Ukraine, the Republicans dreamed of a Tsunami in their favor.
Building on legislative successes, waving threats to democracy and the freedom to choose whether or not to carry the pregnancies to term, the Democrats were trying to establish a counterfire.
C’est donc dans un moment tendu que les américains sont appelés aux urnes. Dans une période normale, il était plus que probable que les Démocrates seraient battus. Mais, entre l’économie hésitante et les risques sur la démocratie, les prédictions, sondages et commentaires se perdaient en conjectures.
Les américains ont rendu leur verdict. Si par une minuscule majorité, à la Chambre, passe à l’opposition, le Sénat a de fortes chances de rester Démocrate et même se renforcer. En revanche les candidats soutenus par Trump se sont généralement fait battre.
Ces nombreuses défaites ouvrent la voie à une transition vers une politique plus apaisée et surtout, un Trump affaibli perd de sa force de nuisance. Jusqu’à présent il faisait la pluie et le beau temps dans le parti Républicain. S’il a démontré sa capacité à faire passer ses candidats lors des élections primaires, ceux-ci perdent le plus souvent lors de l’élection générale.
Si le populisme réactionnaire a eu son heure de pouvoir, Putine est sur le chemin de la sortie, Bolsonaro battu, Liz Truss aura duré le temps d’une salade, Trump est désormais nu et va probablement exploser prochainement. Nous pouvons espérer un retour vers un moment où la politique peut redevenir autre chose qu’une guerre qui dénie à l’autre le droit d’exister.
It is therefore in a tense moment that Americans are called to the polls. In a normal period, it was more than likely that the Democrats would be defeated. But, between the hesitant economy and the risks to democracy, predictions, polls and comments were lost in conjecture.
The Americans have rendered their verdict. If the majority in the House passes to the opposition, the Senate is likely to remain a Democrat and even strengthen. In contrast, Trump-backed candidates have generally been beaten.
These many defeats pave the way for a transition to a more peaceful policy and above all, a weakened Trump loses its nuisance force. Up until now, he was the Republican party. If he has demonstrated his ability to put his candidates in the primary elections, they lose most often in the general election.
If reactionary populism had its hour of power, Putin is on the way out, Bolsonaro beaten, Liz Truss lasted the time of a salad, Trump is now naked and will probably explode soon. We can hope for a return to a time when politics can become something other than a war that denies the other the right to exist.