En novembre 1989 le Mur de Berlin est tombé. Depuis Portland Oregon où je subissais un stage de formation je l’ai vu tomber et je m’en réjouissais.
Je m’en réjouissais mais pas pour moi, je pensais à ma famille restée en Tchécoslovaquie qui rêvait de Liberté, d’économie de marché, de voyages. Avec eux, bien avant la chute du mur, nous en avions déjà parlé, ils pensaient le mur inamovible, définitif. Ils nous enviaient pour notre liberté d’expression et de voyage, pour l’abondance des biens disponibles, pour notre apparent niveau de vie.
Si dans le monde occidental des pays riches, Europe, USA, le principal problème des classes dites moyennes était l’arbitrage des dépenses pour satisfaire au mieux les envies face à une offre pléthorique, de l’autre côté du mur, dans la monotonie de la vie, face aux étagères des magasins souvent vides, l’absence de tentations consuméristes rendait l’épargne facile.
En fait, à l’Est, on vivotait, petits logements, cuisines et salles de bain partagées, ce qui manquait en biens matériels se voyait remplacé par une vie sociale structurée, Théâtres, Opéras, Bibliothèques mais aussi activités de loisir d’entreprise organisées par les syndicats auxquels tous se devaient d’adhérer.
Une vie calibrée, simple, prévisible. Mais chacun exige de pouvoir disposer, même en dictature, d’espaces de liberté. Et dans les pays de l’Europe communiste, ces espaces existaient. La photographie en était, elle offrait à chacun de pouvoir figer à tout jamais d’heureux moments et de pouvoir les revivre à la demande.
A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les soviétiques, en se payant sur la bête, avaient confisqué les outillages des usines d’appareils photographiques et les avaient remontés en URSS. Ces appareils photo, bien que relativement onéreux, grâce à l’épargne forcée, trouvaient preneur. Aujourd’hui, pour cause de révolution numérique dans la photographie, ces objets d’anciens désirs se retrouvent bradés sur les étagères de magasins spécialisés dans la brocante.
Si je disposais déjà d’une jolie petite collection d’appareils photo anciens, lors de mes deux derniers voyages en Hongrie, j’ai complété ma collection avec deux plagiats, l’un de Leica, l’autre de Zeiss. A ces deux plagiats j’ai ajouté une paire d’appareils inspirés, pas copiés, de Leica.
Sauriez-vous trier le bon grain de l’ivraie et nommer ces objets d’anciens désirs ? Par un sans-fautes, vous gagnerez le Gros Lot de mon admiration, sinon, consolez-vous, ma connaissance de ces pépites est à la fois fort récente et totalement superficielle.
Enfin, pour conclure, que vient faire dans le titre le mot Ostalgie ? L’Ostalgie est un néologisme euphonique qui se rapporte à la Nostalgie, sentiment qui se retrouve souvent chez les anciens mais surtout chez les jeunes qui idéalisent ce qu’était la vie derrière le Rideau de Fer en oubliant les manques et privations.
Vu d’aujourd’hui, on pourra caractériser le désir de basculement de la vie d’avant 1989 vers la société de consommation et gaspillage, par cette sentence en forme d’aphorisme :
“L’avenir, c’était mieux avant.”