12 mars
L’anniversaire de Susan est dans un mois. Nous avions prévu de le célébrer au retour d’un périple, voyage prévu de fin mars à début avril de la Floride à New York. Périple annulé pour cause de COVID-19. Alors en devançant la date de l’anniversaire, en catimini, j’ai réservé une table dans un petit estancot qui n’avait été recommandé par les locaux, le Bistrot l’Escargot. Avec Susan nous avions déjà tenté le Rendez-Vous, en fait une ancienne BierStube (Brasserie germanique) convertie en pseudo restaurant à la française. Décevant, nous étions donc sur nos gardes.
Le bistrot est tenu par un couple français néanmoins parfaitement anglophone. L’accueil chaleureux, la carte du midi raisonnablement réduite garantit que la majeure partie est préparée localement. Mes craintes venaient essentiellement de la carte des vins. Aux US, comme en France, les Thénardiers ont la fâcheuse tendance d’écraser la craie sur le prix des vins proposés. Les coefficients multiplicateurs de 5 ne sont pas l’exception. Ici pour 56$, je me suis vu servir un Pouilly Fuissé honnête que je trouve chez Costco à moins de 20$. Avec un coef de 3,5, c’est un rien dispendieux mais ce n’est pas une escroquerie.
Au menu Susan et moi avons choisi une cassolette d’escargots et des moules marinières. Nous nous sommes régalés même si les moules, à mon avis, étaient restées un peu trop longtemps sur le gaz et la marinade un peu trop salée. Vu de France l’addition semble élevée, vu de Floride elle n’est pas ridicule. L’accueil et le cadre auront agréablement participé à la célébration de l’anniversaire de Susan. C’est décidé, nous reviendrons pour un canard à l’orange qui semble être un des phares de la carte du patron. Croisons les doigts en espérant que ce dernier plat soit à la hauteur de nos attentes.
15 mars
Pour cause d’épidémie virale, les voyages devenant périlleux, surtout en ce qui concerne la fiabilité des réservations, en accord avec Susan, j’ai pris la décision de rentrer en France prématurément en ce vendredi 13. Certains diront que la date porte malheur. J’ai bravé les superstitions, l’Histoire m’a donné raison, je suis arrivé entier et vivant. Cela dit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
Donc pour des raisons bassement financières, mais pas que, mon porte-monnaie et moi nous préfèrons tomber malade en France. En ce vendredi 13 vol Fort Lauderdale-Paris, vol au 2/3 vide. J’ai même eu le rare bonheur de disposer de trois sièges pour moi tout seul. Arrivée dans un Roissy CdG vide.
Passage de l’immigration en 20 secondes.
Aucune file d’attente.
Récupération des bagages en 10 minutes.
Du presque jamais vu.
J’ai quitté une Floride quasi normale. A mon avis, mal préparés par une administration installée dans le déni de réalité, ils vont tomber de haut. Je suis arrivé dans une France qui prend ses responsabilités. Macron ou pas, l’exemple du désastre italien impose de suivre une voie contraignante d’isolation sociale. C’est désormais le cas. Cette isolation devrait permettre d’étaler la crise dans le temps pour un retour moins chaotique vers la normale. La bêtise du populisme de la Maison Blanche, en niant initialement la crise à venir, montre ses limites. Il leur sera difficile de nier la réalité de la pandémie. Pourvu que mes amis américains soient épargnés.
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