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Israël / La Guerre

8 octobre 2023

Hier, les commandos du Hamas, en partant de la bande de Gaza, ont lancé un raid meurtrier dans le sud d’Israël. Ce raid qui aura massacré des civils, en aura aussi aura pris en otage et les aura regroupés à Gaza en monnaie d’échange. Ces actions qui relèvent du crime de guerre sont la conséquence d’une guerre asymétrique, la guerre du Faible au Fort. Dans ce type de conflit, le Faible utilise des règles d’engagement non conventionnelles. Par ces actions, le Faible tente de déstabiliser le Fort qui, au moins dans un premier temps, s’oblige à respecter les lois d’engagement des forces. Placé dans l’incapacité de résoudre, par des moyens conventionnels, le conflit, le Fort utilisera sa force ainsi que l’ensemble des moyens dont il dispose pour écraser le Faible. Le Fort justifiera sa brutalité en arguant des crimes initiaux commis par le Faible. 

Le déclenchement de ce conflit trouve son origine dans deux éléments.

Il y a tout d’abord l’incapacité initiale d’Israël d’avoir prévu cette action qui rappelle le début de la Guerre de Kippour. Cette dernière a débuté il y a 50 ans, quasiment jour pour jour, et Israël n’était pas prête. Dans les deux cas, l’actuel conflit et la Guerre de Kippour, il est possible de pointer une défaillance désastreuse des services de renseignement.

Si la défaillance des services de renseignement se règlera par une réorganisation des services et par l’ajustement des modalités de leur emploi, la réelle cause de ce déclenchement de fureur ne doit par être recherché ailleurs qu’en Israël même. 

Dans les années 50 et jusqu’à la guerre des Six Jours en juin 67, Israël se gouvernait à gauche. Certes, de nombreux palestiniens qui, à l’instigation des belligérants arabes, lors de la guerre d’Indépendance, avaient fui le territoire qui deviendrait Israël, se voyaient exclus de leur terre natale, ceux qui étaient restés avaient acquis la nationalité israélienne de plein droit.

La guerre de 1967 avait rendu à Israël la possibilité de réunifier Jérusalem et prendre le contrôle de la Cis-Jordanie, territoire placé sur la rive ouest du Jourdain. Les accords d’Oslo, en imposant à Israël de donner une autonomie plus ou moins fictive à une autorité palestinienne plus ou moins corrompue, ces accords ouvraient une possible avenue vers la paix. En installant des colonies de peuplement juif dans ces territoires, Jérusalem est et la Cis-Jordanie, les différents gouvernements auront mis en place un apartheid fonctionnelle qui ne pouvait que générer des frustrations.

Cerise sur le gâteau, face à l’impossibilité de trouver une majorité avec un vrai programme de gouvernement, Netanyahu en tentant de transformer la démocratie israélienne en une autocratie de type “White Supremacy”, ce gouvernement aura détruit le sentiment d’unité de la nation. D’imposantes manifestations se déroulent chaque semaine pour contester la modification du fonctionnement de la république, modification qui consiste à faire basculer la primauté du judiciaire en faveur de l’exécutif. Cette contestation se retrouve y compris chez les militaires qui refusent de servir. 

Tant que la menace autocratique tentera de s’imposer, tant que l’apartheid fonctionnel s’exercera, tant que le gouvernement d’Israël favorisera l’appropriation illégitime de territoires, tant que les moyens d’une paix réelle n’auront pas été mis en place, lorsque la pression sera trop forte, le chaudron explosera. Vrai, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais laisser à un autocrate corrompu les clés du pouvoir, cet aveuglement égoïste entretiendra les causes des prochaines explosions.

Aujourd’hui Israël est dans une impasse et tant que la droite d’apartheid sera au pouvoir, Israël ne pourra devenir une république apaisée. Et en cela, elle n’est malheureusement pas seule.

Yesterday, Hamas commandos, operating from the Gaza Strip, launched a deadly raid in southern Israel. This raid that massacred civilians, also took them hostage and gathered them in Gaza as a bargaining token for an exchange. These war crimes are the result of an asymmetrical war, the war from the Weak to the Strong. In this type of conflict, the Weak uses unconventional rules of engagement. Through these actions, the Weak tries to destabilize the Strong, which, at least initially, feels obligated to respect the laws of force in the battle engagement. Unable to resolve the conflict by conventional means, the Strong will use its strength and all the means at its disposal to crush the Weak. The Fort will justify its brutality, including war crimes, by arguing the initial crimes committed by the Weak. 

The origin of this conflict lies in two elements.

First of all, there is Israel’s initial inability to foresee this aggression, which recalls the beginning of the Yom Kippur War. It started 50 years ago, almost to the day, and Israel, then, was not ready. In both cases, in the current conflict and in the Kippur War, it is possible to point to a disastrous failure of the intelligence services.

If the failure of the intelligence services will be resolved by a reorganization of the services and by the adjustment of the terms of their employment, the real cause of this fury’s outbreak must not be sought elsewhere than in Israel itself. 

In the 1950s and until the Six-Day War in June 67, Israel government was leaning on the left. Certainly, many Palestinians who, at the instigation of the Arab belligerents during the War of Independence, had fled the territory that would become Israel, were excluded from their homeland, they were barred from returning home. The Palestinians who had not fled acquired Israeli nationality by right, rights somewhat almost identical to the rights granted to the Jews.

The 1967 war made it possible for Israel to reunify Jerusalem and take control of the Jordan territory on the west bank of the Jordan River. The Oslo agreements, by requiring Israel to give more or less fictitious autonomy on the West bank territories to a more or less corrupt Palestinian authority, created a fiction of a possible autonomy for the Palestinians. By enabling Jewish settlements in these territories, East Jerusalem and the West Bank of the Jordan River, the various governments will have established a functional apartheid that could only generate frustration.

Icing on the cake, faced with the impossibility of finding a majority with a real government program, Netanyahu by trying to turn Israeli democracy into an autocracy of the “White Jewish Supremacy”, this government will have destroyed the feeling of unity of the nation. Massive demonstrations take place every week to challenge the change in the functioning of the republic, a change that involves shifting the primacy of the judiciary branch in favor of the executive branch. This challenge is also found among soldiers who refuse to serve. 

As long as the autocratic threat tries to impose itself, as long as functional apartheid is exercised, as long as the government of Israel promotes the illegitimate appropriation of territories, as long as the means for a real peace have not been put in place, when the pressure is too high, the boiler will explode. True, it is easier said than done, but leaving the keys of power to a corrupt autocrat, this selfish blindness will maintain the causes of the next explosions.

Today, Israel is at an impasse and as long as the apartheid right is in power, Israel cannot become a peaceful republic. And in this, she is unfortunately not alone.