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Schadenfreude

23 mars 2021

English version in the second half


Non, je ne suis pas devenu un Schrink, un psy comme ils disent aux US, mais en ce 23 mars 2021 j’ai écouté en boucle les chaînes d’info MSNBC et CNN. Deux sujets auront consommé la salive des commentateurs : la fuite désespérée des Centre-Américains en quête de refuge aux US et le massacre perpétré hier à Boulder dans le Colorado. Schadenfreude, une joie mauvaise à la vue du malheur d’autrui, voilà ce que je ressens ce matin, une joie mauvaise de voir les américains pris au piège d’une hypocrisie mise à jour.

Haine, peur de l’autre (Acte 1)
Paul pour les chrétiens, Saul de Tarse pour le reste de l’humanité, aura résumé en une ligne l’essence d’une vertu qui devrait relever de universalité : “Tu aimeras ton prochain comme toi même”. Il semble que l’égoïsme bigot mais terrorisé des White Supremacists (l’équivalent des aryens de sinistre mémoire de la première moitié du XXième siècle) interdit à la classe politique US de trouver une solution à un problème réel. Cela dit, descendons de vélo pour nous regarder pédaler, l’empilement des réfugiés à la frontière sud des US ressemble à s’y méprendre au problème posé aux frontières de l’Europe par les réfugiés d’Afrique ou du Moyen-Orient. Si l’on y regarde bien, dans ces deux crises humanitaires, les mêmes causes produisent les mêmes effets, de part et d’autre de l’Atlantique : notre tolérance à la corruption provoque guerre, misère, terreur et donc migration de masse vers de terres perçues comme hospitalières. Nous, les anciennes puissances coloniales, nous tolérons et profitons, dans nos anciennes possessions, des petits tyranneaux et d’une corruption endémique. Les US, au nom de la libre entreprise, mais en réalité poussés par l’appât du gain, tolèrent et profitent de la corruption de républiques bananières. Dans les deux cas, un principe conducteur s’applique : “Fais ce que je te dis, ne fais pas ce que je fais”.

Haine, peur de l’autre (Acte 2)
Hier, à Boulder, petite ville, station de sports d’hiver dans le Colorado, un salaud armé d’une arme de guerre, s’est offert un carton dans un supermarché. Bilan dix morts. Ce carnage est le second d’une la semaine qui avait élégamment débuté par le massacre de huit personnes, majoritairement des femmes asiatiques, à Atlanta. Il semble peu utile de revenir sur le fait que, plus les armes sont nombreuses, plus leur utilisation devient fréquente, non comme moyen d’extorsion, “la bourse ou la vie”, mais comme moyen de régler des problèmes personnels. A ce sujet, un retour vers un ancien article ne sera pas inutile. Aux US on flingue pour se soulager. Parmi les commentaires pitoyables, une fois de plus, au lieu d’évoquer des solutions possibles, les intervenants offrent leurs prières et compassion aux victimes et leur familles. La religion en placebos curatif, ils me font rigoler tristement (Schadenfreude).

Toutefois deux remarques d’anciens policiers de la haute administration US montrent que tout n’est pas perdu. Le premier intervenant invoque une remarque entendue lors d’un voyage d’étude au QG de Scotland Yard. Son interlocuteur anglais se plaignait de l’augmentation des agressions à l’arme blanche. L’américain envieux rêvait de pouvoir émettre une pareille plainte, les meurtres par armes à feu, aux US, sont plus de dix fois supérieurs aux meurtres par arme blanche au Royaume Uni. Il est vrai qu’au Royaume Uni si la possession d’armes à feu est simplement interdite, la possession de couteaux ne l’est pas.

Le second intervenant a montré qu’il existe une solution immédiatement exploitable. En cela il prend l’exemple de la tentative de putsch du 6 janvier au Capitole. Pendant ces émeutes insurrectionnelles, la seule victime par arme à feu le fut du fait de la Police qui a tué une insurrectionniste. Une seule victime par arme à feu, un quasi miracle. Pourtant, parmi les insurrectionnistes la possession d’armes de guerre est la règle. A ce nombreuses reprises, ces glorieux défenseurs des libertés sont entrés dans les parlements munis de leurs saints sacrements, prêts à prouver leur attachement à la démocratie en menaçant législateurs et gouverneurs par leur seule présence armée. Et pourtant, ces glorieux défenseurs des libertés qui ne se séparent sous aucun prétexte des armes, symboles et substituts de virilité, sont venus au Capitole nus comme des vers, sans flingue. Sont-ils venus à poil, je veux dire sans armes, surs de leur droit, prêts à renverser à la force du poignet la certification de l’élection de Joseph Biden ? Ben non, plus prosaïquement, ils n’avaient pas leurs flingues sur eux car sur le territoire de la capitale, Washington DC, il est interdit de porter une arme. Tout porteur est arrêté sur le champ. Respectueux comme des tricards, ils avaient laissé l’artillerie dans le coffre des autos garées de l’autre côté de la frontière, en Virginie. A Washington, le 6 janvier 2021, sans la loi d’interdiction des armes, les US auraient connu un réel massacre.

La solution : faire comme en Europe, restreindre aux forces de l’ordre la possession d’armes dans le domaine public.

Et si vous voulez vous faire peur, préparez-vous à une belle confrontation pour un prochain massacre. A l’exemple des White Supremacists, les Blacks suivent une voie similaire, ils montent eux aussi des milices armées jusqu’aux dents. Lors de la prochaine rencontre musclée, le score ne sera celui d’un matche de Foot, (1 à 1), ce sera plus proche d’un score de NBA (112-104).


No, I did not become a Schrink, but on March 23, 2021 I was glued to the news channels MSNBC and CNN. Two topics lead the conversation: the desperate flight of the Central Americans, their quest for refuge in the US and the massacre perpetrated yesterday in Boulder, Colorado. Schadenfreude, a bad joy at the sight of the other’s misfortune. This is what I felt this morning, a bad joy at seeing the Americans caught in the trap of a hypocrisy brought to light.

Hatred, Fear of the Other (Act 1)
Paul for the Christians, Saul of Tarsus for the rest of humanity, has summed up in one line the essence of a virtue that should be universal: “You will love your neighbor as yourself”. It seems that the bigot but terrorized selfishness of the White Supremacists (the equivalent of the sinister memory Aryans of the first half of the twentieth century), forbids the US political class to find a solution to a real problem. That said, in Europe, we have a similar problem. The piling up of refugees on the southern border of the US is similar to the problem posed at the borders of Europe by refugees from Africa or from the Middle East. If we look closely, in these two humanitarian crisis, on both sides of the Atlantic, the same initial causes produce the same effects: our tolerance to corruption causes war, misery, terror and therefore mass migration to areas perceived as welcoming. We, the former colonial powers, tolerate and profit in our former possessions of the petty tyrants. The US, in the name of free enterprise, but more likely driven by greed, tolerate and profit from the corruption in banana republics. In both cases, a guiding principle applies: “Do what I tell you, don’t do what I do”.

Hatred, Fear of the Other (Act 2)
Yesterday, in Boulder, a small town, a winter sports resort in Colorado, a bastard armed with an AR15, turned a supermarket into a shooting range. Ten shoppers got killed. This carnage is the second in a week that had gracefully begun with the massacre of eight people, mostly Asian women, in Atlanta. There is a direct proportionality between death per capita and the weapon density. The more weapons, the more frequent their use becomes. In fine they will not be used as a means of extortion, “purse or life”, but as a solving tool to personal problems. Going back to an old article of mine will not be useless. In the US, guns are mostly seen as a solution, not as the problem. Among the pitiful comments, once again, instead of talking about possible solutions, stakeholders offer their prayers and compassion to the victims and their families. Religion used as a curative placebos. Stakeholders make me laugh sadly (Schadenfreude).

However, two remarks by former highly ranked Police Officers show that everything is not lost.

The first speaker invokes a remark heard during at a conference in Scotland Yard’s HQ. His English counterpart was complaining about the increase in stabbing attacks in the UK. The envious American dreamed of being able to file such a complaint. Per capita gun murders in the US are more than ten times higher than stabbing aggressions in the UK. Just put in perspective that in the United Kingdom if the possession of firearms is simply prohibited, the possession of knives is not. On the other hand knives are less lethal than military grade rifles.

The second speaker showed that a solution is immediately workable. In this he takes the example of the attempted coup of January 6. During the sedition attempt, the only victim by firearm was an insurrectionist killed by the Police. Only one victim per firearm. Yet among the insurrectionists the possession of weapons of war is the rule. On many occasions, these White Supremacists, glorious defenders of freedoms, have entered parliaments carrying their holy sacraments, ready to prove simultaneously their virility and their attachment to democracy by threatening legislators and governors. And yet, these glorious defenders of freedoms will never part from their guns. They came to the Capitol naked like worms, without a gun. Did they come naked, I mean unarmed, because, with their bare hands, they felt able to peacefully reverse the certification of the election of Joseph Biden? Well no, they did not carry their guns because in Washington DC, it is illegal to bear arms, you get arrested immediately. Respectfully scared, they had left their toys in the trunk of the cars parked across the border in Virginia. Without the restrictive Washington District Arms Act, the US would have experienced a real massacre.

Washington DC shows the solution: do like in Europe restrict guns in public to Law and Order.

And if you want to scare yourself any further, get ready for a nice confrontation, for a future massacre. Following the example of the White Supremacists, some Blacks follow their white counterpart, they too organize heavily armed militias. Should we witness a muscular encounter, the score will not be that of a Soccer game, (1 to 1), it will be closer to an NBA score (112-104).


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