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Ostalgie

19 septembre 2022

 
Où se trouve le Leica

En novembre 1989 le Mur de Berlin est tombé. Depuis Portland Oregon où je subissais un stage de formation je l’ai vu tomber et je m’en réjouissais.

Je m’en réjouissais mais pas pour moi, je pensais à ma famille restée en Tchécoslovaquie qui rêvait de Liberté, d’économie de marché, de voyages. Avec eux, bien avant la chute du mur, nous en avions déjà parlé, ils pensaient le mur inamovible, définitif. Ils nous enviaient pour notre liberté d’expression et de voyage, pour l’abondance des biens disponibles, pour notre apparent niveau de vie.

Si dans le monde occidental des pays riches, Europe, USA, le principal problème des classes dites moyennes était l’arbitrage des dépenses pour satisfaire au mieux les envies face à une offre pléthorique, de l’autre côté du mur, dans la monotonie de la vie, face aux étagères des magasins souvent vides, l’absence de tentations consuméristes rendait l’épargne facile.

En fait, à l’Est, on vivotait, petits logements, cuisines et salles de bain partagées, ce qui manquait en biens matériels se voyait remplacé par une vie sociale structurée, Théâtres, Opéras, Bibliothèques mais aussi activités de loisir d’entreprise organisées par les syndicats auxquels tous se devaient d’adhérer.

Une vie calibrée, simple, prévisible. Mais chacun exige de pouvoir disposer, même en dictature, d’espaces de liberté. Et dans les pays de l’Europe communiste, ces espaces existaient. La photographie en était, elle offrait à chacun de pouvoir figer à tout jamais d’heureux moments et de pouvoir les revivre à la demande.

A la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les soviétiques, en se payant sur la bête, avaient confisqué les outillages des usines d’appareils photographiques et les avaient remontés en URSS. Ces appareils photo, bien que relativement onéreux, grâce à l’épargne forcée, trouvaient preneur. Aujourd’hui, pour cause de révolution numérique dans la photographie, ces objets d’anciens désirs se retrouvent bradés sur les étagères de magasins spécialisés dans la brocante.

Si je disposais déjà d’une jolie petite collection d’appareils photo anciens, lors de mes deux derniers voyages en Hongrie, j’ai complété ma collection avec deux plagiats, l’un de Leica, l’autre de Zeiss. A ces deux plagiats j’ai ajouté une paire d’appareils inspirés, pas copiés, de Leica.

Sauriez-vous trier le bon grain de l’ivraie et nommer ces objets d’anciens désirs ? Par un sans-fautes, vous gagnerez le Gros Lot de mon admiration, sinon, consolez-vous, ma connaissance de ces pépites est à la fois fort récente et totalement superficielle.

Enfin, pour conclure, que vient faire dans le titre le mot Ostalgie ? L’Ostalgie est un néologisme euphonique qui se rapporte à la Nostalgie, sentiment qui se retrouve souvent chez les anciens mais surtout chez les jeunes qui idéalisent ce qu’était la vie derrière le Rideau de Fer en oubliant les manques et privations.

Vu d’aujourd’hui, on pourra caractériser le désir de basculement de la vie d’avant 1989 vers la société de consommation et gaspillage, par cette sentence en forme d’aphorisme :
“L’avenir, c’était mieux avant.”

In November 1989 the Berlin Wall fell. From Portland Oregon where I was undergoing a training course I saw it fall and I was delighted. 

I was glad but not for myself, I was thinking of my family in Czechoslovakia who dreamed of Freedom, market economy, travel. With them, long before the fall of the wall, we had already talked about it, they thought the wall permanent, permanent. They envied us for our freedom of expression and travel, for the abundance of goods available, for our apparent standard of living.

If in the western world of the rich countries, Europe, USA, the main problem of the so-called middle classes was the arbitrage of the expenses to satisfy the desires in the best face of a plethora supply, on the other side of the wall, in the monotony of life, Facing the shelves of often empty stores, the absence of consumer temptations made saving easy. 

In fact, in the East, we were living in small dwellings, kitchens and shared bathrooms, what was lacking in material goods was replaced by a structured social life, Theatres, Operas, Libraries but also corporate leisure activities organized by the unions to which all had to belong.

A calibrated life, simple, predictable. But everyone demands to be able to have, even in dictatorship, spaces of freedom. And in the countries of communist Europe, these spaces existed. Photography was, it offered everyone to be able to freeze forever happy moments and to be able to relive them on demand.

At the end of World War II, the Soviets, had confiscated the tools of the camera factories and brought them back to the USSR. These cameras, although relatively expensive, thanks to forced savings, found takers. Today, because of the digital revolution in photography, these objects of old desires are sold on the shelves of shops specialized in flea markets.

If I already had a nice little collection of old cameras, during my last two trips to Hungary, I added to my collection two plagiarisms, one from Leica and the other from Zeiss. To these two plagiarisms I added a pair of devices inspired, not copied, by Leica.

Do you know how to sort the wheat from the chaff and name these objects of old desires? By a no-fault, you will win the Jackpot of my admiration, otherwise, console yourself, my knowledge of these nuggets is at the same time very recent and totally superficial.

Finally, to conclude, what does the word Ostalgia do in the title? Ostalgia is a euphonic neologism that refers to Nostalgia, a sentiment that is often found in the ancients but especially among the young who idealize what life was like behind the Iron Curtain by forgetting the shortcomings and privations.

From today’s point of view, we can characterize the desire for a change of life from before 1989 towards a society of consumption and waste, with this sentence in the form of aphorism:
“The future was better before.”

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