USA winter 2016 : Retour vers Philadelphie

Les américains ont le sens du raccourci et bien que souvent ils fassent montre de pudeur et même de pudibonderie, il leur arrive de faire des clins d'oeil torrides. Pour cela ils jouent le le sens de chaud, comme en français.

Avez-vous suivi ? 

Your wife is hot, have your AC fixed !
Ta femme est brûlante, fais réparer ta clim !


Cette pub de bord d'autoroute salue notre retour vers le froid.
Nous laissons le Kennedy Space Center à notre droite.

En bafouant toutes les traditions solidement établies, nous ne nous arrêterons pas à Cape Canaveral pour nous recueillir devant la fusée Saturn V, l'objet le plus puissant jamais fabriqué par l'humain si l'on excepte les bombes A et H.

Soyez sans crainte, ce n'est que partie remise, vous y aurez droit.
Comme la remontée vers le nord est prévue avec sur nos têtes un temps exécrable, nous choisissons de prendre le train-auto à Orlando pour arriver le lendemain matin à Washington. Un peu plus de mille kilomètres en seize heures. Une nuit pas vraiment confortable avec toutefois la certitude d'arriver, certes fatigués, mais d'arriver entiers.

Alors si avec Brassens il suffit de passer le pont, dans notre cas il suffit de suivre les indications.
Les drapeaux sont en berne car un des juges de la Cour Suprême vient de décéder. Peut-on imaginer en France un tel cérémonial pour le décès d'un membre du Conseil Constitutionnel. Et bien ici c'est un événement national. National vous dis-je et voici les conséquences, fort intéressantes pour l'étude du comportement des politiciens ici aux USA

La constitution prévoit que les membres de la Cour Suprême sont nommés par le Congrès sur proposition du Président en exercice, Barack Obama, pour un mandat à vie non révocable. Comme la loi anglo-saxonne est de type « Common Law » donc exclusivement basée sur la jurisprudence et l'interprétation de celle-ci à la lumière de la Constitution, on comprend l'importance que revêt la composition de la cour qui est composée de neuf juges. Or aujourd'hui, après le décès de ce juge, la Cour Suprême est composée de quatre juges très conservateurs et de quatre juges plutôt réformistes. C'est maintenant que la situation se corse comme on dit à Ajaccio.

Les Etats-Unis viennent de lancer la campagne électorale qui doit remplacer Obama. Celui-ci arrivant au terme de son second mandat ne peut se présenter. Toutefois il est en poste jusqu'au 20 Janvier 2017, soit encore presque un an.

Obama est un élu du parti Démocrate. Il est pris en tête de turc par les Républicains qui font la course avec un programme ultra démago-populiste. En ce mois de Février 2016, le lièvre du parti Républicain se nomme Donald Trump. Il serait à l'image d'un Jean-Marie le Pen inculte mais ayant reçu l'onction de la réussite dans l'immobilier. Les autres candidats s'échinent à faire de la sur-enchère en prétendant que le Président actuel est disqualifié de facto et doit s'interdire de proposer un candidat car les Républicains craignent que le nouveau juge, perçu à priori comme moins conservateur, modifiera l'équilibre de la Cour Suprême et donc la lecture de la Constitution car les décisions sont prises à la majorité. Si donc le nouveau juge est réformiste, à cinq réformistes contre quatre conservateurs, les Républicains se sentent mal à l'aise.

En exigeant d'Obama, contrairement à ses obligations constitutionnelles, qu'il ne nomme pas le Juge, les Républicains se mettent à dos une large partie de l'électorat qui reste fidèle à la lecture traditionnelle de la Constitution.

Cela promet de jolis pugilats.
Les voitures sont prises en charge. Rangées dans des wagons à deux étages, elles feront le voyage dans le même convoi et nous seront restituées demain matin.
Comme pour les autos, les wagons de voyageur sont à impériale.

Organisation rigoureuse. Accueil courtois. Départ à l'heure. Pour l'arrivée on verra demain matin.
Wagons confortables, un dîner, servi à table et tout à fait correct, est inclus dans le prix du voyage, 500$ pour l'auto et les deux passagers.

Finalement pas si cher que ça.

Et la WiFi est disponible gratuitement.

Un sacré contraste entre la Grande Lenteur du train et les services de haut niveau.
A l'arrivée le sol est couvert de la neige tombée hier. Aujourd'hui il pleuvra tout au long des 250km qui séparent la gare de notre destination.

Nous ne nous sommes pas trompés, le train était la Solution et ce malgré les quelques minutes de retard.
Les américains sont pragmatiques, la preuve en mode péage.

En France, Vinci, société disposant du monopole de la gestion des autoroutes, membre éminent de la société des bienfaiteurs de l'humanité, fait payer ses abonnés plus cher que le tout venant en ajoutant au péage des frais de gestion du "Télépass". Il est vrai que puisque le pigeon est abonné, qu'il ne peut pas choisir son fournisseur, on peut le plumer plus facilement.

Avantages : pas de concurrence, pas de frais de publicité inutile, pas d'effort sur le service car Vinci bénéficie du monopole. Le pigeon paye plus cher et, comme le péage est automatisé, Vinci fait aussi des économies sur la perception du péage.

Bravo Vinci
Bravo le capitalisme monopolistique


Ici, aux US, le péage automatisé présente deux avantages :
1- il se fait sans ralentir.
2- le client bénéficie d'une remise (25%).

Ils sont vraiment cons ces américains, ils respectent le client fidèle, ils le plument avec délicatesse.

Demain Mercredi jour de repos, Jeudi décollage pour retour à la cagna.



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