Los
Angeles, énorme conurbation, juxtaposition de villes sans
âme, j'aurais bien tenté un néologisme pour
désigner l'absence de centre-ville en utilisant le préfixe A privatif, par exemple « ville
acentrée », mais le correcteur d'hautograffe refuse
ce mot. A Chicago nous avions rencontré une française partie aux US par amour. Avec son Romeo elle résidait à Venice Beach, à l'entendre un paradis. Bien qu'elle n'ait jamais repris contact, je me devais de passer par cet endroit et me faire une idée de cet idéal terrestre. La Deuche et moi y avons donc traîné nos guêtres pour $10 de parking. |
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Un plage immense, sur laquelle est posée une piste cyclable surveillée par la police. Serait-ce pour surveiller les excès de vitesse des locaux pédalants gavés aux anabolisants. Disons qu'avec Lance Armstrong comme exemple de bonne conduite diététique, une surveillance n'est pas inutile. Toutefois à la surveillance policiaire, la présence d'une ambulance aurait été préférable. De l'autre côté des palmiers une interminable enfilade de commerces de fringues cheap, de bouffe grasse et ou sucrée, de compléments alimentaires à base de marijuana. Un véritable art de vivre. |
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Dans cet art de vivre, tout orienté autour du Look, on constate que même les mouettes suivent la mode en se mettant du Rouge à Bec. | |
Les fresques murales chantent l'ode à la beauté, au jeunisme avec la Vénus en patins à roulettes. | |
Qui pouvait affirmer que la Torah, la Bible, ne pouvaient pas fortifier les muscles du cerveau. Voila, sur Muscle Beach, un doux mélange œcuménique, non pas du sabre et du goupillon mais du sable et de la religion. |
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Un
exemple de mercantilisme plagiaire, plage (bord de mer) et plagier (copier sur son voisin), répété à
l'infini. Skate Board, Fringuasse, Bijoux de pacotille. Comme les tatouages sont permanents, ils ont réinventé les transferts nommés cette fois Tatoo Jewelry, une forme de décalcomanie que l'on se colle sur la peau. Au moins ce n'est pas définitif et si la mode change... Une invention majeure pour l'humanité. Et un peu plus loin on recommence Skate Board, Fringuasse, Bijoux de pacotille... |
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Ah
non, j'avais oublié les boutiques de Shit. Vous voyez cette
échoppe verte qui fait le coin, un exemple d’hypocrisie. Tout d'abord, sur la façade il y a inscrit « No Photo », comme si la pub n'était pas le coeur du commerce. J'ai donc respecté leur exigence en ne visant pas, laissant l'appareil en bandoulière. Parfois il faut savoir se donner l'apparence de honnête pigeon. Ici en Californie la consommation de produits à base de Marijuana est légale si elle est à vocation médicale. Un auto-proclamé « Docteur » vous fait passer un examen pour vérifier si vous relevez des dispositions légales. Comme par miracle, ce prix Nobel de l'opportunisme vous déclare apte à l'usage du Shit à vocation médicale, les produits de la boutique sont tout particulièrement recommandés. Il faut savoir préserver les apparences, bande de Faux-Culs. |
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Il y a une question que je me pose en voyant le chien faire du Skate avec son maître. Comme son maître, le chien relève-t-il lui aussi de la pâtée verte à vocation médicinale. |
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Comble
du surfait, le père promène sa gamine dans la Cadillac de
ses rêves, rêves du père pas de la mome. A l'évidence la gamine s'emmerde à cent sous de la demie heure, et oui l'inflation frappe aussi les loisirs. Pour son plaisir à lui, le père télécommande la voiture à pédales sans pédales qui avance seule. Un moteur électrique évite à la gamine de se fatiguer en s'amusant. Ainsi, en parents avisés, ils la préparent à prendre un virage mérité vers une obésité probable. Bon sang ne saurait mentir. |
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Enfin
une image qui fait rêver, de vrais gens, une vraie
activité, surfer fin décembre. Je comprends que l'on puisse prendre son pied. Alors Laurent l'amoureux du Surf, il se reconnaitra, tenté par un petit tour dans le coin. |
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Une
dernière image pour me réconcilier avec la vie. Vous
objecterez, et vous avez bien raison, qu'un Black faisant le clown sur
un tabouret en martyrisant des serpents, vous ne voyez pas en quoi cela
réconcilie avec la vie. Depuis le restaurant où je me baffrais d'un hamburger arrosé à la bière, j'observais ce type et son cirque. Et que je t'enroule ces pôvres bêtes autour de mes épaules, et que je te les tiens par le haut du cou pour qu'elles de trémoussent... Je trouvais le spectacle pitoyable. En sortant du clapoir, je me suis décidé à le prendre en photo pour mon album des horreurs et tortures animales. Le type, voyant que je scrutai son manège, a établi la conversation en affirmant que son grand-père, en Louisiane, portait lui aussi des salopettes. En une phrase il avait capté mon attention, j'ai laissé un billet dans son réceptacle à oboles et nous avons engagé la conversation. Découvrant que je suis français, il s'affirme Cajun de la Nouvelle Orléans et que, par voie de conséquence, nous sommes un peu cousins. En regardant de plus près ses serpents, je découvre qu'ils sont en plastique et ne servent que d'accessoire pour attirer l'attention du chaland. Ce fut pour moi, à Los Angeles, le seul moment d'humanité avec un être charmant, attentif à l'autre, parlant un anglais compréhensible de personne cultivée. Si j'avais été moins pressé de rentrer à l’hôtel, je l'aurais bien invité à prendre un verre en soirée. Que ce type soit remercié d'avoir éclairé ma journée. |