Il y a fort longtemps les ordinateurs ressemblaient à des
ordinateurs, même les Micros.
Pour ressembler à un ordinateur, toute machine normalement
constituée devait avoir
- un vrai panneau avant avec un jeu de clés pour modifier le
contenu de la mémoire,
- un ensemble de lampes, pas des LED faut pas rêver elles
n'étaient pas nées.
Belle époque où ces lampes qui
clignotaient racontaient à l'initié ce que faisait
le
programme.
These days are gone !
Enfin pour vraiment faire viril, dans ces belles années 60,
l'homme se tient solidement
planté aux commandes devant le poste de pilotage, la
femme reste confinée aux
tâches
ancillaires. Pour
compléter l'image, sans un alignement de dérouleurs de
bande
magnétique,
un ordinateur restait un truc de rigolo.
A cette belle époque, les rôles
étaient vraiment bien distribués.
Bon c'est un peu misogyne, c'était un truc d'Hommes, j'en
conviens. Mais vous,
qu'en pensez-vous
Mesdames ?
Retirez le panneau avant et un ordinateur ressemble à une boite
à chaussures ou à une Pizza box.
C'est
le cas aujourd'hui.
Quelle horreur pas même un
bouton reset.
Et enfin, désastre consommé, il n'est plus possible
de réparer quoi que ce soit en changeant
le composant coupable : se proclame ingénieur de maintenance le
type
qui remplace la
machine ou recharge le logiciel.
Réparer est bien trop compliqué, il faut trouver le
composant défectueux, le remplacer. Et là
faut pas rêver les chips n'ont plus 14 ou 16 pattes :
désormais montés en surface, les chips
sont spécifiques, soudés à la vague, la partie est
perdue d'avance. Vrai :
un ordinateur
complet d'aujourd'hui ne coûte pas plus cher qu'une simple carte
d'interface d'alors.
Le site,
suivant, à propos du Multi
8 d'Intertechnique, met en perspective le prix des
composants avec
le salaire d'un ingénieur.
Affreux : désormais on dispose de la puissance d'un CRAY ONE
pour le prix d'un smart phone.
Et qui se sent capable aujourd'hui de partir avec dans le coffre de sa
voiture 50 kg de
documentation, schémas, composants, caisse à outils,
oscilloscope...
Et oui c'était le
bon temps où avec 64 ko de RAM statique ou à tore de
ferrite on faisait
tourner en assembleur
des applis moustachues. Et encore 64 ko c'était le paradis : mes
premiers programmes tenaient facile dans les 5 ko, oui cinq kilo
octets, d'un BULL GE 55.
Bon d'accord l'interface grapique n'avait pas encore été
inventée, quand au SDK...
Qui se souvient des Mitra,
PDP, Solar,
Multi. Les
Micro
ordinateurs
sous CP/M
furent
les derniers objets compréhensibles par un humain "normal".
Aujourd'hui grâce à la mode
du virtuel, les
obésiciels(1)
auront tout bouffé : avec moins de 1Go plus rien ne fonctionne.
Pôvre
humanité.
Heureusement, grâce à l'Internet, comme quoi la
modernité n'a pas que des défauts,
on retrouve des témoins qui tentent de laisser une trace de ce
que furent les premiers
moments de la modernité de l'électronique
numérique. La liste ci-dessous n'est pas
exhaustive, disons qu'elle constitue un modeste point d'entrée.
Un témoignage sur les
ordinateurs des années 1950/1970 par JMP. Qu'il soit
remercié.
Malheureusement le peu de visites sur ce site, réalisé il
y a déjà quelques années,
aura démotivé l'auteur. Aller un petit effort, allez y et
n'oubliez pas le guide, une marque
d'intérêt pourra relancer son superbe travail.
Pour alimenter la nostalgie de mes premiers pas en informatique,
je vous propose
deux liens, malheureusement sans information sur les coûts.
Faites donc un petit
tour vers les BULL
GE 55
et le BULL
GE 58.
Ce dernier site sur le BULL GE 58 montre deux disques de 2,5 Mo. Un
disque de 2 To,
taille courante en 2012, tient dans le mini sac à main de
Madame, il n'est
qu'un million
de fois
plus grand que les unités (on disait
"Gamelles"
à l'époque) placés à droite de la
photo
ci-dessous. Si ma mémoire est bonne, il s'agit d'unités
de disque
Singer, un acteur
important de l'informatique d'alors.
Un disque de 2,5 Mo, c'est l'équivalent de
deux disquettes 3,5 pouces et probablement
une année de salaire d'ingénieur. Un disque de 2 To
remplirait 1,5 Million de disquettes.
Petit
rappel sur des grandeurs.
Une
disquette fait 2mm d'épaisseur et stocke un peu plus d'un
millions d'octets, c'est à dire
l'équivalent d'un livre de poche. Il faudra une pile de 3 km
(oui trois
kilomètres) de disquettes
pour sauvegarder ces deux To.
Deux Tera octets, c'est à dire deux mille Giga octets donc deux
millions de Mega octets.
Mais au fait, savez-vous encore ce qu'est une disquette ?
Vous souvenez-vous de votre premier disque dur de 20 Mo ?
(1) Obésiciel (Bloatware)
:
ensemble de codes informatiques qui, avant même de
réaliser
quoi que ce soit, consomme au moins une petite centaine de millons
d'octets.
Il faut comparer, à fonctions semblables, un
obésiciel à un logiciel écrit depuis une
table rase
qui répond à la même fonction.
L'un n'occupe qu'un petit 100 Mo, l'autre dévore des centaines
d'octets.
Où est l'erreur ?
Simple : dans un des cas, il faut des compétences
fines sur la machine cible, dans l'autre
il suffit d'utiliser un SDK (Software Development Kit) et
lancer la fonction "make".