9 novembre 2023
Les grands mythes structurent notre approche de la société. Le capitalisme en fait partie. Vers la fin du XXᵉ siècle, cette forme d’organisation de la société aura gagné la Guerre Froide en faisant tomber le Marxisme-Léninisme et la Dictature du Prolétariat.
Vrai, le capitalisme semblait offrir une vision optimiste de progrès pour tous. Accepter cette vision d’éternel progrès sans l’aiguillon d’une alternative crédible, c’était ignorer que seule une concurrence réelle et honnête est l’unique moteur de progrès. Et il est exact que, durant une grande partie du XXᵉ siècle, lorsque le capitalisme se trouvait en compétition avec les fascismes italien et allemand, afin de s’attirer les faveurs des masses, il aura accepté de partager avec elles les gains de productivité de l’économie. Force est de constater qu’alors l’écart des revenus était inversement proportionnel à l’impôt payé par les plus riches. Au début des années 50, le taux marginal de l’impôt des tranches élevées était de 90%, les PDG ne recevaient pas plus de 30 fois le revenu moyen des sociétés qu’ils dirigeaient.
Big myths do structure our approach to society. Capitalism is one of them. Towards the end of the XXth century, this form of organization of society won the Cold War by bringing down Marxism-Leninism and the Dictatorship of the Proletariat.
True, then capitalism seemed to offer an optimistic vision of progress for all. To accept this vision of eternal progress without the sting of a credible alternative was to ignore that only real and honest competition is the only engine of progress. And it is true that for much of the 20th century, when capitalism was in competition with the Italian and German fascisms, in order to attract the favor of the masses, it did agree to share with them the productivity gains of the economy. During this area it is obvious that the income gap was inversely proportional to the tax paid by the richest. In the early 1950s, the marginal tax rate for high tax brackets was 90%, CEOs received no more than 30 times the average income of the companies they ran.
Lorsque les mécanismes de régulation du capitalisme sont abrogés au motif qu’ils ralentissent le progrès, les deux tendances profondes, l’augmentation des profits et le désir d’élimination de la concurrence prennent le dessus.
En Europe nous avons éliminé les monopoles d’état en privatisant leurs domaines d’activité, en introduisant la concurrence. Parmi les succès de la destruction des monopoles, celle des télécom est un évident succès. Comparer coûts et services des fournisseurs de télécom aux US et en Europe ne laisse aucune place au doute, Les consommateurs européens sont gagnants. En revanche, l’introduction de la concurrence dans l’électricité ou les transports pose de vrais problèmes en Europe. Si en Europe c’est parfaitement exact, cela dit les problèmes issus de la tentation de concentration monopolistique pose aux US les mêmes problèmes.
Ici, devant une sous-station de distribution d’électricité, deux salariés manifestent pour que les contrats de travail des nouveaux embauchés soient semblables à ceux des anciens, en particulier pour la couverture santé, retraite… Si cela ne vous rappelle pas les revendications qui ont secoué la France il y a peu, vous êtes à la fois sourds et aveugles.
Il est temps que le capitalisme retrouve ce qui avait fait sa force le siècle dernier, qu’il accepte de partager les gains de productivité, que les élites financières cessent de prétendre que la confiscation de la croissance à leur profit représente le progrès de tous.
When the mechanisms that regulate capitalism, when these regulations are eliminated on the grounds that they slow progress, the two natural tendencies, the increase of profits and the desire to eliminate competition, these tendencies take over.
In Europe, we have eliminated state monopolies by privatizing their fields of activity, regulations introduced competition. Among the successes linked to the destruction of monopolies, the new structure of the telecom market is an obvious success. Comparing costs and services of telecom providers in the US and Europe leaves no room for doubt, European consumers are the real winners. On the other hand, the introduction of competition in electricity or railroad poses real problems in Europe. If in Europe the problems linked to monopoly suppression are real, that said, the problems arising from the temptation of monopolistic concentration poses the US the same problems.
Here, in front of an electricity distribution substation, two employees demonstrate to promote that the employment contracts of new workers are similar to those of issued previously, especially for health coverage, retirement… If this does not remind you of the demands that shook France recently, you are both deaf and blind.
It is time for capitalism to regain the strength displayed during the last century, it is time to agree to share productivity gains, it is time for the financial elites to stop pretending that the confiscation of growth for their sole benefit represents the progress of all.