Israel Un éclairage historique

xx juillet 2025

LE FIGARO. – Alors que l’affrontement entre Israël et l’Iran fait les gros titres, la tragédie de Gaza se poursuit et Emmanuel Macron a plusieurs fois laissé entendre que la France pourrait reconnaître l’État palestinien. La solution à deux États n’est-elle pas la seule susceptible de mettre fin à une guerre sans fin ?

Georges BENSOUSSAN. – On peut considérer sans grand risque, et entre gens raisonnables, que la solution à deux États paraît la moins mauvaise des solutions. Voire la plus logique. Mais voilà près de quatre-vingt-dix ans déjà qu’on le dit, car, à contrario des idées reçues, la partie arabe a refusé depuis 1937, et à six reprises, le partage de la Palestine en deux États. Refus du plan Peel en juillet 1937, refus du Livre blanc britannique de mai 1939 qui prévoyait pourtant l’indépendance de la Palestine dans un délai de dix ans. Refus de la résolution 181 des Nations unies du 29 novembre 1947 préconisant le partage de la Palestine en deux États. Et trois « non » successifs à la proposition d’un État palestinien au côté d’Israël émise par les premier ministre israélien Ehud Barak en 2000 et 2001 et Ehud Olmert en 2007. Le projet de 2001 rétrocédait aux Palestiniens 95% du territoire de la Cisjordanie et acceptait le principe d’une co-souveraineté sur Jérusalem. Tout se passe comme si accepter l’État palestinien revenait, de fait, à accepter le fait national israélien et c’est là que le bât blesse pour une grande part de l’opinion arabe qui ne souhaite qu’un seul État. Mais à la place d’Israël.

Pourquoi cet État de Palestine réclamé aujourd’hui comme le remède à tous les maux de la région n’a-t-il pas vu le jour entre 1949 et 1967, en Cisjordanie et à Gaza où il n’y avait alors ni Juif ni Israélien ? Deux territoires dont nul ne disait à cette époque qu’ils étaient palestiniens et qui ne le sont devenus qu’avec l’occupation israélienne de juin 1967. Maintes fois posée, cette question demeure sans réponse.

Comprendre ces blocages implique d’en référer à la place du Juif dans l’économie psychique du monde musulman où, par-delà l’abolition de la dhimma, cette condition minorée et dominée perdure dans les esprits. Quand un système de croyances s’effondre, il ne disparaît pas mais prend d’autres formes, et à cet égard, l’infériorité quasi ontologique du Juif dans la psyché arabo-musulmane paraît difficile à dépasser.

Depuis 1948 toutefois, elle est durement démentie par un État d’Israël souverain dont l’armée inflige défaite sur défaite à des musulmans. Au sens premier du terme, c’est là un impensable qui rend compte de déclarations outrancières, mais sincères sur le fond, balançant entre le déni de réalité (« l’entité sioniste ») et les appels sans filtre à la destruction de l’État juif. Un conflit prend sa source dans les mentalités sédimentées qui constituent son substrat culturel le plus profond. C’est là qu’en commence l’analyse.

THE FIGARO. – While the confrontation between Israel and Iran is making headlines, the tragedy of Gaza continues and Emmanuel Macron has several times suggested that France could recognize the Palestinian state. Isn’t the two-state solution the only one likely to end an endless war?

Georges BENSOUSSAN. – It can be considered without great risk, and among reasonable people, that the two-state solution seems the least bad of solutions. Even the most logical. But it has already been said nearly ninety years ago, because, contrary to conventional wisdom, the Arab side has refused since 1937, and on six occasions, the division of Palestine into two states. Refusal of the Peel plan in July 1937, refusal of the British White Paper of May 1939 which nevertheless provided for the independence of Palestine within a period of ten years. Rejection of UN resolution 181 of 29 November 1947 advocating the partition of Palestine into two states. And three successive « no » votes to the proposal for a Palestinian state alongside Israel issued by Israeli prime ministers Ehud Barak in 2000 and 2001 and Ehud Olmert in 2007. The 2001 project returned 95% of the territory of the West Bank to the Palestinians and accepted the principle of co-sovereignty over Jerusalem. Everything happens as if accepting the Palestinian State were, in fact, like accepting the Israeli national fact and this is where the rub lies for a large part of the Arab opinion which only wants one single State. But instead of Israel.

Why did this State of Palestine claimed today as the remedy for all the ills of the region not come into existence between 1949 and 1967, in the West Bank and in Gaza where there were then neither Jews nor Israelis? Two territories that no one at the time claimed to be Palestinian and which only became so with the Israeli occupation of June 1967. Asked many times, this question remains unanswered.

Understanding these blockages implies referring to the place of the Jew in the psychic economy of the Muslim world where, beyond the abolition of the dhimma, this minor and dominated condition endures in minds. When a system of beliefs collapses, it does not disappear but takes other forms, and in this regard, the quasi-ontological inferiority of the Jew in the Arab-Muslim psyche seems difficult to overcome.

Since 1948, however, it has been harshly denied by a sovereign State of Israel whose army inflicts defeat upon Muslims. In the first sense of the term, this is an unthinkable that reflects outrageous statements, but sincere on the substance, balancing between the denial of reality («the zionist entity») and the calls without filter to the destruction of the jewish state. A conflict takes its source in sedimented mentalities that constitute its deepest cultural substrate. This is where the analysis begins.

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